Octave Delepierre
Histoire littéraire des fous
avec des écrits sur ce thème par Charles Nodier, Louis Greil, Jules Andrieu, Gabriel Hécart, Philomneste junior, Aug.-Iv. Tcherpaloff, Philomneste minimus, Georges Vapereau.
HISTOIRE LITTÉRAIRE DES FOUS
Octave Delepierre (1802-1879)
Sur le modèle de la Goguette et les Goguettiers le présent ouvrage propose un ensemble de documents sur l’histoire des fous littéraires. Dans l’esprit des autres volumes de cette collection, il veut d’abord rappeler des figures oubliées plus ou moins attachantes et quelques œuvres hautes en couleur.
Le texte fondateur de cette histoire est une courte étude de Charles Nodier, publiée en 1835, à laquelle tous nos auteurs se réfèrent, et que nous republions pour cette raison en guise d’introduction, quoi qu’elle ne soit pas très rare. Nous reprenons toutefois un texte antérieur, qui ne pouvait donc l’évoquer : il s’agit de Stultitiana – entendez : Anecdotes sur la folie – de Gabriel Hécart (1823), qui porte principalement sur des « idiots de village », comme on les nommait encore il n’y a pas si longtemps, fort peu préoccupés de littérature. Mais les allusions relatives aux lettres et aux arts que ce texte contient nous ont paru enrichir notre anthologie en ce qu’elles démontrent combien la curiosité envers l’aliénation mentale et ses formes les plus variées était déjà, d’une certaine manière, éveillée à cette date.
Bluet d’Arbères (1566-1606), l’ancêtre qui fut aux fous littéraires ce que fut Adam Billaut aux ouvriers poètes.
Le livre de Delepierre, qui donne son titre à notre ouvrage, fut, avec celui de Gustave Brunet, les Fous littéraires (1880), disponible par ailleurs, l’un des deux essais les plus concis dont les curieux disposèrent avant que Raymond Queneau, André Blavier, Marc Décimo et quelques autres ne se lancent dans de multiples directions à la poursuite des littérateurs excentriques et élargissent considérablement la connaissance de ces « gens singuliers ».
Les plaquettes introuvables de Louis Greil et de Jules Andrieu complètent les travaux cités en ouvrant sur la province (le Quercy et l’Agenais) des esquisses qui démontrent qu’il n’est pas nécessairement « bon bec que de Paris » et suggèrent que par une extension aux autres provinces la bibliographie des fous littéraires se trouverait augmentée dans des proportions difficiles à imaginer à leur époque. Le travail de Blavier, qui n’est pas régionaliste mais orienté vers les spécialités de chacun, accomplira avec une érudition et un brio extraordinaires, par une autre voie, ce tour de force.
On remarquera au fil de la lecture combien les différents auteurs se sont préoccupés des limites de la folie, qu’elle soit littéraire ou non. S’ils ont tenté le plus souvent de ne pas les franchir, ils les ont parfois distendues, nous indiquant involontairement les erreurs de diagnostic et la confusion qui peuvent guetter le chercheur autant que l’amateur.
Enfin, on trouvera, dans l’orientation bibliographique finale, l’indication d’autres travaux parcellaires sur notre sujet, dont quelques-uns de notre collection « Gens singuliers », tels les Excentriques disparus de Simon Brugal, les Excentriques de Champfleury, les Grotesques par Théophile Gautier, Gens singuliers par Lorédan Larchey, les Oubliés et les Dédaignés de Charles Monselet, qui se rattachent de plein droit au présent ouvrage.
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